Chroniques Spleenétiques — 12.11.2020

Le Spleen à Noël : plaidoyer pour reprendre les rênes

Par Laurent-David Samama Écrivain et journaliste

Lecture 3 minutes

Pourra-t-on sauver Noël ? Ce n’est pas le titre du téléfilm diffusé cet après-midi sur une obscure chaîne de la TNT mais bien la question qui nous obsède en ce moment. Nous sommes tous sur le même radeau : confinés ! D’écran en écran, obligés d’interagir avec de curieux personnages pixélisés.
Dans nos têtes, ce sont les refrains de La bamba triste et de La tristitude qui tournent en boucle.

Seul horizon ? Un noël sans Jingle Bells, ni couronnes sur les paliers. Sans l’odeur réconfortante des pinènes de la résine, sans famille (merci Rémi). Pire encore : un repas de Noël en comité restreint. Pas plus de six convives autour de la table. La sélection sera drastique. Il faudra faire des choix. Le frère au dîner de la sœur du père, sans la mère mais les enfants de la sœur qui seront, eux, chez le père du beau-frère.

Faut se faire à l’idée :
nous sommes gouvernés
par Le Spleen.

Exit le dîner tratra avec « tonton lourdeau ». Ok, il se serait attardé laborieusement sur la défaite de Trump (qu’il prononce évidemment à la française avec notre « u »)… Mais au moins, il aurait eu le mérite de mettre un peu d’animation.

Faut se faire à l’idée : nous sommes gouvernés par Le Spleen. Alors, plutôt que de déambuler pieds nus, sans but, dans des appartements glaciaux, il est peut-être temps de reprendre les rênes ou les rennes, enfin les deux. De chausser Le Spleen avant qu'il nous fauche.

« La tristitude, c’est
quand tu marches pieds nus
sur un tout petit légo »

Il va falloir s’en faire des cadeaux, voir des yeux heureux, des yeux surpris, des yeux comblés (même un peu pixellisés). Bien choisir Le Spleen qu’il y aura sous le sapin, voilà finalement le dilemme de cette fin d’année.

Le nôtre est plein de promesses : des nuits d’ivresse à danser dans le salon, des psychanalyses de cuisine, des minuits boulevard vus de la fenêtre, des slows d’enfer sur Let’s Stay together (Al Green) devant la cheminée... en attendant de retrouver Le temps des fleurs, celui de l’ignorance de la peur et des lendemains aux goûts de miel.

« La tristitude, c’est quand tu marches pieds nus sur un tout petit légo », d’autant plus quand c’est celui que tu as offert à ton neveu à Noël plutôt que de beaux petits chaussons.